Les Amis du Nigéria ont eu une brève conversation avec M. Alec Fokapu, un entrepreneur chevronné possédant une vaste expérience sur le marché africain, et plus particulièrement au Nigéria. Il est le PDG de FiftyFor, une plateforme de notation B2B pour les entreprises africaines. Avant de lancer FiftyFor en 2014, il a fondé une société d'investissement dédiée au financement de PME et d'entrepreneurs africains prometteurs. Alec a plus de 10 ans d'expérience dans les investissements avec un accent sur le continent africain.
FON : Que percevez-vous comme opportunités et risques sur le marché nigérian sur la base de vos expériences ?
M. Alec Fokapu : L'un des principaux atouts du Nigéria et plus généralement de l'Afrique, ce sont les gens. Vous avez beaucoup de gens prêts à consommer des produits et vous avez aussi beaucoup de gens instruits prêts à fabriquer ces produits pour le marché local. Donc, si vous me posez des questions sur les opportunités en Afrique, je vais juste résumer en une phrase ; tout ce qui est importé en Afrique devrait être remplacé par de la fabrication. Fabriquer en Afrique, avoir des biens et des services fabriqués en Afrique, surtout à cause de l'énorme population. La fabrication est quelque chose que nous sommes capables de faire et si nous le faisons, nous enrichirons le continent parce que nous avons une population qui est une consommatrice volontaire et rigide.
FON : Quel conseil donneriez-vous aux investisseurs français et aux entreprises qui cherchent à investir dans la fabrication et la transformation au Nigeria étant donné que la population nigériane dépasse les 180 millions d'habitants, ce qui représente un marché énorme ?
M. Alec Fokapu: Les gens ont généralement de grandes projections, mais je ne pense pas que ce soit la voie à suivre. Je leur conseillerai de commencer petit car commencer petit c'est prendre moins de risques ce qui permet d'évaluer facilement puis de le reproduire une fois qu'on est assuré que ça marche. Il vous suffit d'anticiper où vous pouvez réellement atteindre. Souvent, les entreprises viennent en Afrique et ne prennent pas le temps d'apprendre et de comprendre ce qui se passe réellement sur le terrain. Ils venaient avec d'énormes sommes d'argent, demandaient conseil aux habitants, jetaient cette énorme somme d'argent et la perdaient; puis quitter l'Afrique et promettre de ne jamais revenir. Ce que je conseillerai, c'est de commencer petit. Mettez-en une petite quantité, si cela ne fonctionne pas, arrêtez-le. La réalité est qu'en Afrique il y a un risque et il y aura toujours un risque comme partout dans le monde. La seule chose que vous pouvez contrôler est la part de risque que vous êtes prêt à prendre. Commencer petit!
FON : On dit souvent que le partenariat est un bon moyen de pénétrer un nouveau marché. Quel est votre conseil concernant les partenariats locaux étant donné que la confiance pourrait être un problème ? quelle est votre opinion à ce sujet, en particulier en ce qui concerne le Nigeria ?
M. Alec Fokapu: Je conviens qu'un partenariat local solide vous mènerait plus loin, mais cela pourrait être coûteux, s'il n'est pas bien géré. Vous devrez peut-être dépenser beaucoup d'argent dès le départ pour faire preuve de diligence raisonnable sans savoir si cela fonctionnera. Les renvois sont également un autre moyen, et une fois cela fait, vous devrez également faire preuve de diligence raisonnable.
Un partenaire recommandé n'est peut-être pas le bon partenaire. Je peux vous recommander quelqu'un pour vous conseiller sur l'entreprise, mais cela ne signifie pas qu'il est la bonne personne pour votre organisation.
Il n'y a pas de moyen facile d'identifier un bon partenaire localement, il vous suffit d'essayer et si cela fonctionne, vous continuez avec le partenaire local en question.
FON : Quelle a été votre meilleure expérience au Nigeria jusqu'à présent ?
M. Alec Fokapu: Il y a une façon de faire des affaires au Nigeria et plus généralement en Afrique. Cette approche est basée sur la confiance que nous avons avec les gens que nous connaissons. Parfois, nous essayons d'imiter ce qui est dans le miroir, mais je crois qu'il existe une façon de faire des affaires en Afrique comme il y a une façon de faire des affaires en Chine comme il y a une façon de faire des affaires en Amérique du Sud.
FON : Combien de villes au Nigeria avez-vous visitées ?
M. Alec Fokapu: Trois jusqu'à présent. Lagos et Port Harcourt principalement, puis j'ai passé un peu de temps à Kaduna.
FON : Travailler à Lagos doit être toute une expérience puisque Lagos est la capitale commerciale du Nigeria avec une population impressionnante de plus de 20 millions d'habitants. Port Harcourt est aussi une ville commerciale avec une concentration d'entreprises multinationales. Elle est célèbre pour ses entreprises liées à l'industrie pétrolière et est la principale ville de raffinage de pétrole du Nigeria. Kaduna est l'un des principaux centres d'affaires du nord du Nigeria. Travailler dans ces villes vous donne certainement une connaissance générale du climat des affaires dans différentes régions du Nigéria, ce dont de nombreux Nigérians de la diaspora ne peuvent se vanter. Combien de fois avez-vous visité le Nigéria ?
M. Alec Fokapu: Tellement de fois. Environ cinq fois par an au cours des quatre dernières années.
FON : Merci pour votre temps Alec
M. Alec Fokapu: Merci.